La leçon de tricot

Publié le 9 Décembre 2014

Tous les soirs elle avait les mêmes habitudes. Après le dîner, elle approchait sa chaise du poêle à bois, ouvrait la porte du four pour y déposer ses pieds et attrapait le tricot qu’elle avait commencé.

Ses aiguilles à tricoter étaient en plastique rose nacré et cliquetaient l’une contre l’autre au rythme régulier des points de riz. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers.

La laine torsadée marron traversée d’un fil noir était aussi douce que ses mains et glissait entre ses doigts comme l’eau d’un ruisseau.

Sa minette grise assise à ses pieds suivait du regard les sursauts continus de la pelote de laine espérant sans doute qu’elle tombe pour qu’elle puisse la faire courir sur le plancher d’un coup de patte blanche.

On commençait à deviner, dans sa forme et sa longueur, la moitié avant d’un gilet. Pour le grand père sans doute.

Le mouvement hypnotique des aiguilles était apaisant dans la douce chaleur de la cuisine.

« Montre-moi comment faire mémé » lui demanda sa petite fille qui l’observait tricoter depuis plusieurs jours et qui n’arrivait pas à comprendre comment sa grand-mère faisait avancer son ouvrage presque sans regarder.

« D’accord » lui répondit sa grand-mère «premièrement tu dois monter tes mailles ».

La grand-mère lui donna une autre paire d’aiguilles en plastique rose nacré, un peu plus courtes que les siennes, et une pelote de laine.

« Prends une aiguille et tiens la comme ça dans ta main droite » lui dit-elle.

  • Comme ça mémé ?

« Oui c’est ça, maintenant tu fais un nœud dessus, pas trop serré. Voilà. Ensuite repasse le fil autour de l’aiguille »

La petite fille s’applique et suit les indications de sa grand-mère.

« Maintenant passe le fil en le croisant sur l’index de ta main gauche »

  • Comme ça mémé ?

« Oui, c’est bien, ensuite regarde, c’est là où tu vas glisser ton aiguille, sous la laine sur ton doigt » lui explique patiemment sa grand-mère.

« C’est bien, reprends le fil pour le repasser sur l’aiguille et, maintenant, tu fais glisser la boucle sur ton doigt par-dessus ce fil pour la faire passer sur l’aiguille et tu tires un peu sur le fil. Tu viens de monter ta première maille ma chérie. »

  • Combien il faut de mailles pour tricoter un pull pour mon poupon mémé ?

« Eh bien il n’est pas très gros » répondit-elle, « je crois qu’une vingtaine de mailles doit suffire. Tu y arriveras ?

  • Oui je crois lui répondit sa petite fille.

En s’appliquant, elle eut vite fait de monter une vingtaine de mailles.

  • Ça y est mémé ! Les mailles sont prêtes. Qu’est-ce que je fais maintenant ?

« Et bien tu prends l’aiguille avec les mailles dans ta main gauche et tu prends l’autre aiguille avec ta main droite. »

  • Comme ça mémé ?

La grand-mère sourit de l’enthousiasme de sa petite fille et répondit « Pas trop serré, voilà, là c’est bien. Prends la pointe de l’aiguille droite et glisse-la là, dans la première maille. Maintenant passe le fil par-dessus cette aiguille, reviens sous la maille et fais la glisser sur l’autre aiguille. Voilà ! Tu viens de tricoter une maille à l’endroit.

  • Regarde mémé, je tricote la deuxième, c’est bien ?

« Oui oui, tu as compris mon petit » lui dit-elle attendrie.

Encouragée pas sa grand-mère, la petite fille commença son premier tricot.

A dix ans, elle était fière de tricoter comme sa grand-mère et impatiente de finir le dos du pull. Le lendemain, vers midi, elle eut fini et demanda à sa grand-mère de lui montrer comment arrêter ses mailles pour qu’elle puisse commencer l’autre côté.

Sa grand-mère était occupée, et voulut remettre les explications à plus tard.

La petite fille se fâcha, et, de colère défit tout son travail.

Rédigé par Michelle@L'Arbresle

Publié dans #Histoires courtes

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