Voir avec les mains.

Publié le 26 Novembre 2013

Voir avec les mains.

Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un…zéro !

Zaza enlève le foulard et ouvre enfin les yeux. Il fait nuit noire et elle ne voit absolument rien.

Mais, où l’ont-ils amenée ?

Ce devait être un jeu tout simple ; on devait la faire tourner en rond, puis la faire avancer plusieurs fois dans différentes directions, puis encore tourner en rond dans le silence le plus complet. Ensuite, elle devait compter à rebours de 200 à zéro. Ça lui avait pris du temps, elle s’était trompée plusieurs fois. Enfin, en se servant de ses dix doigts elle a terminé le décompte. Tout ça pour se retrouver seule dans le noir.

  • « Oh hé ».
  • « Où êtes-vous ? Êtes-vous…Êtes-vous…vous…ou…ouuuu…

L’écho la fait sursauter et lui fait peur. Elle avance, trébuche et tombe à quatre pattes dans du sable.

Zaza pleure. Elle tâtonne autour d’elle sans trop bouger de peur de tomber. Elle tend l’oreille. Au loin, elle entend comme un gazouillis…De l’eau ? Comment le savoir à part en avançant ?

La peur la tétanise, mais Zaza se dit que si elle ne bouge pas, ses amis ne vont pas l’attendre. Elle devait partir à leur recherche après avoir compté.

Ses amis sont grands. Ce sont les copains de sa grande sœur en fait.

Gisèle était en colère quand Maman lui a dit de l’amener alors qu’elle voulait aller dans les bois avec ses amis, mais Charles, le plus vieux, lui a fait un clin d’œil et lui a dit :

-« Laisse bébé, on va s’en occuper » en ricanant.

Zaza les a suivis dans les bois et Charles a proposé ce jeu de cache-cache. Mais, où sont-ils ?

Zaza progresse petit à petit en tâtonnant avec ses deux mains. Quand ses doigts cessent de s’enfoncer dans le sable et rencontrent une matière dure et froide, elle hésite un moment avant de se lever et de tendre les bras droit devant elle.

  • « Oh hé ? » Crie-t-elle à nouveau.

Oh hé…Oh hé…hé…hé..hé..hé

L’écho se moque toujours d’elle mais Zaza continue à avancer tout doucement. Elle écarte les bras et, d’un côté, sa main effleure quelque chose de collant et soyeux à la fois.

Beurk ! Une toile d’araignée. Zaza frissonne. Pas de froid. De peur. Elle déteste les araignées. Mais elle avance toujours la main et, cette fois, c’est une matière humide et qui s’effrite dans sa main. De la terre devine-t-elle du bout des doigts…

Avec son autre main elle continue son exploration tout en avançant et soudain, c’est un objet froid, fin et sinueux qu’elle attrape. Zaza pousse un cri, puis éclate de rire. Ce n’est qu’une racine…Elle doit être dans la grotte du Touquet.

Ragaillardie, elle se rappelle avoir visité cette grotte l’année dernière avec son père. Le bruit d’eau qu’elle a entendu plus tôt doit être celui du petit ruisseau près de la sortie…Vite…Zaza accélère mais elle perd l’équilibre sur des graviers qui roulent dans la pente et tombe à nouveau sur ses mains.

Aie !

Cette fois, ça fait mal. Les cailloux sont petits mais coupants et, rapidement, Zaza sent un liquide chaud et poisseux qui coule dans une de ses paumes.

De nouveau Zaza tente un appel :

- « Gisèle » ?

- « Charles » ?

- « Où êtes-vous ? »

Elle renifle et hoquette en se relevant. Il y a moins d’écho. Serait-elle près de la sortie ?

Tout à coup elle est éblouie. Elle voit deux ombres devant elle.

L’ombre de ses mains, qui l’ont aidé à voir dans le noir, la protège maintenant de la lumière trop vive des projecteurs des policiers.

Rédigé par Michelle@L'Arbresle

Publié dans #Histoires courtes

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